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Plateformes d’indépendants, quelle garantie client ?

La désintermédiation concerne également le monde du conseil.

Portée par l’appétit croissant des consultants pour un exercice libéral de leur métier, elle permet aux utilisateurs des prestations de conseil d’accéder directement à des compétences expertes, sans avoir à supporter la re-facturation de coûts de structure, ou se faire imposer un mode opératoire trop contraint.

Mais il faut le reconnaître, la plupart des cabinets de conseil de “l’ancien monde” investissaient et investissent encore dans le recrutement, la formation, et d’une certaine manière dans l’homologation des collaborateurs proposés en intervention chez les clients.

Pour une entreprise utilisatrice faire son marché auprès d’une offre pléthorique de consultants indépendants est un challenge. Comment s’assurer du professionnalisme d’un travailleur indépendant, sans parler des risques juridiques de requalification de la relation ?

Des accords directs entre une entreprise donneur d’ordre et un travailleur indépendant du monde du conseil existent bien sûr et continueront d’exister, en reposant sur des chaînes de confiance en réseau, quand il ne s’agit pas de faire travailler sous forme libérale un ancien collaborateur cumulant une retraite et un emploi.

Une autre forme de réponse est apportée par des structures (« plateformes ») qui se proposent en intermédiation entre les entreprises utilisatrices et les consultants indépendants.

Les plateformes de consultants indépendants prônent la “révolution du conseil”

Fédérer, ou simplement référencer des consultants indépendants qui auront été préalablement sélectionnés, apporter une visibilité à des talents, et offrir un service qualité aux clients voici quelques-unes des utilités des plates-formes de consultants indépendants qui se sont développés en Europe depuis environ cinq ans.

Il faut noter que les pools de consultants indépendants peuvent également concerner des cabinets traditionnels qui complètent ainsi leur force de travail ou des grands comptes qui confient à leur Direction des ressources humaines la gestion d’un pool de free-lance, à côté de la gestion des salariés.

Cette forme d’organisation en cluster doit tenir compte du caractère libéral des troupes comme des exigences des clients qui aimeraient obtenir autant de garanties qu’avec les cabinets de conseil traditionnel mais désormais avec un prix sensiblement plus faible. Complexe !

Le danger est alors de réduire la prestation d’intermédiation à sa plus simple expression. Le risque étant d’une standardisation des commandes sur des intitulés de postes plutôt que sur l’analyse de problématiques auxquelles il faut répondre.

Quelles pistes pour apporter de la satisfaction à toutes les parties ?

La désintermédiation est une promesse de liberté de fonctionnement pour l’utilisateur et de coûts réduits. Mais il n’a jamais été dit que le client devenait moins exigeant pour autant :

  • Si l’on réduit le taux d’encadrement du consultant en mission, notable différence avec les cabinets de conseil traditionnels, Il faut être d’autant plus exigeant sur le niveau de maturité et d’autonomie de l’intervenant.
  • Pour la même raison, il faut privilégier les profils ayant déjà une expérience libérale significative acquise idéalement dans une société de services ou de conseil.
  • Pour que le statut libéral ne soit pas synonyme de fragilité qui pèserait sur la sérénité des missions, la priorité doit être donnée aux intervenants motivés par une situation indépendante qu’ils ont choisie.
  • L’intervenant est tout autant un client pour la plate-forme que le client final, qui doit investir sur lui, comme un agent gère un talent, à défaut d’avoir les moyens d’une véritable gestion de carrière.
  • L’appariement entre les missions et les consultants est plus une affaire d’expérience et d’analyse que d’intelligence artificielle (au moins en l’état de ladite intelligence artificielle), à ce titre les algorithmes de matching automatiques laissent pour l’instant rêveurs, sauf à revendiquer que l’objectif est de supprimer toute interaction humaine entre la plate-forme et ses talents, par philosophie, ou tout simplement parce que la plate-forme est dépassée par le nombre.
  • Compte tenu des prix serrés pratiqués dans l’univers concurrentiel de ces plate-formes, il devient théoriquement impossible de financer un pilotage de mission digne de ce nom, la qualité promise est celle du recrutement des consultants, de la sincérité de la relation qui les unit à la plateforme et facilite les alertes et remontées d’information, et du sérieux de l’analyse préalable du contexte d’intervention.